Groupe biblique

Avec ce nouveau parcours, nous voici repartis aux portes de Jérusalem, en cette fin du VIIème siècle
avant J.-C., à l’écoute du prophète Jérémie. Dans une ville sur le point de s’effondrer, le prophète
pleure et chante, un prophète d’une si grande humanité qu’on le croirait de notre temps. Ses oracles
n’ont pas l’envergure historique de son prédécesseur Isaïe, ils n’ont pas la hauteur céleste de son
successeur Ézéchiel, mais ils ont le charme et la profondeur d’une proximité toute familière avec nos
vies. On entend Jérémie s’inquiéter comme un gamin : « Ah ! Seigneur, je suis vraiment trop jeune ! »
(Jr 1,6). On le voit ébranlé comme un homme désespéré : « Maudit soit le jour où je fus enfanté ! »
(Jr 20,14). Et soudain, le voici « solide comme un rempart de bronze » (Jr 15, 20), remis à la présence
de Dieu qui l’a appelé dès le sein maternel : « Le Seigneur est mon partage, c’est pourquoi j’espère
en lui. » (Lm 3, 24). Jérémie est tout simplement un homme de chair et de sang, un homme qui nous
ressemble, passionné pour sa mission, qui s’engage de tout son cœur, avec les mouvements de son
humeur et les contrastes de sa personnalité.
Jérémie est par-dessus tout un homme donné qui prête sa voix à Celui dont il a dévoré les paroles. A
la porte de la Maison du Seigneur devenue « une caverne de bandits » (Jr 7, 11), il avertit sans relâche
ses contemporains : « Ne vous bercez pas d’illusions qui ne servent à rien ! Défendez le droit,
n’exploitez ni l’immigré, ni l’orphelin, ni la veuve » (Jr 7, 4-5). La tâche n’est pas facile et la mission
souvent douloureuse quand il faut « arracher et renverser, détruire et démolir, bâtir et planter. »
(Jr 1, 10). Heureusement, il y a cette branche d’amandier qui pointe toujours à l’horizon. Elle
repousse la tentation du désespoir et promet des jours meilleurs : « La jeune fille se réjouit, elle
danse ; jeunes gens, vieilles gens, tous ensemble ! Je change leur deuil en joie, les réjouis, les console
après la peine. Je nourris mes prêtres de festins, mon peuple se rassasie de mes biens » (Jr 31, 13-
14). Jérémie est un résistant. Il résiste aux illusions de l’instant, aux bonheurs sans profondeur qu’on
regrette après coup. Il sait que les fonds des citernes sont boueux et préfère se désaltérer à la source
de la vie. Il ne craint pas l’épreuve du rejet mais redoute l’amertume du péché. Un feu brûle dans
ses entrailles, celui de d’amour de Dieu, dont il sait qu’il est fidèle et éternel : « Je suis avec toi pour
te sauver et te délivrer – oracle du Seigneur. » (Jr 15, 20).

Que le père Paul Bony et son équipe soient de nouveau remerciés d’avoir préparé pour nous ce
parcours. Il nous aidera à vivre notre vocation prophétique au service de la vérité et de la justice. On
se souviendra, quand tout semble parfois s’effondrer autour de nous, que l’espérance ne déçoit pas :
« Toute âme en détresse, je la comblerai » (Jr 31, 25).

                                                                                                                                 D’après Jean-Marc AVELINE

                                                                                                                                 Archevêque de Marseille