Le Parcours biblique proposé concerne l’Évangile de saint Matthieu qui sera l’évangile de notre nouvelle année liturgique 2022-2023.
Je ne saurais trop vous inviter à vous l’approprier pas à pas, afin de mieux goûter, tout au long de l’année liturgique, les grâces et les lumières originales de cet Evangile. J’en relèverai quelques-unes, spécialement opportunes, me semble-t-il, pour notre situation aujourd’hui.
D’abord celle de du travail incessant d’ouverture à partir d’une situation de départ bien particulière. Matthieu, vous le verrez, s’adresse à une communauté judéo-chrétienne qui aurait pu être tentée de se refermer sur elle-même, en s’appuyant sur certaines paroles de Jésus qui avaient leur sens en son temps : « Ne prenez pas le chemin des païens et n’entrez pas dans une ville de Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël ». Mais après Pâques, le Christ ressuscité a bel et bien envoyé ses disciples vers toutes les nations, ouvrant ainsi largement le message évangélique à toutes les cultures du monde. Et Matthieu, comme pour bien fonder cette ouverture post-pascale, montre comment Jésus en avait déjà donné des signes tout au long de son ministère avant Pâques.
Vous le verrez en travaillant ce parcours. Il s’agit donc maintenant de vivre cet envoi en mission et de ne pas se crisper sur le passé dans quelque forme de communautarisme craintif. Ensuite, la lecture de saint Matthieu proposée dans ce parcours nous permet de mieux comprendre le sens de la Loi et ses vertus d’humanisation. Jésus en effet, explique Matthieu dans son récit, est venu accomplir la Loi en la ramenant à sa source qui est l’amour dont Dieu aime chacun de ses enfants et les invite à la fraternité. Il s’en dégage un champ d’humanisation sans limite, rendu possible par le Royaume que Jésus inaugure en sa personne et par son ministère de guérison et de pardon. Pour saint Matthieu, seul un amour paradoxal du frère humain sans condition et sans limite, au point d’en payer soi-même le prix, relève de la communion des fils de Dieu, appelés à la sainteté par leur Père céleste.
Qui ne verra combien cette invitation à la fraternité est profondément d’actualité aujourd’hui, pour que le sel de l’Évangile ne perde pas sa saveur ?
Enfin, en façonnant ainsi, par les Béatitudes et le Sermon sur la montagne, une communauté de disciples, Jésus, nous explique Matthieu, fonde ce qu’il nommera son « Eglise». La marque en sera la fraternité, vécue non seulement ad intra dans l’attention privilégiée aux plus petits et le pardon illimité mais aussi ad extra, à l’égard de tout être humain se trouvant dans la détresse, sous quelque forme que ce soit, à tel point que l’Église elle-même sera jugée sur ce critère. Là encore, les événements et les circonstances actuelles réclament plus que jamais de notre Eglise qu’elle soit bien ce signe paradoxal de communion. Mais la communion de l’Eglise n’est pas une fin en soi : elle est au service de la fraternité au sein de la famille humaine, par la reconnaissance et la dignité de toute personne humaine.
D’après Jean-Marc AVELINE
Archevêque de Marseille
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